Les parents de Jean Cottereau, bûcherons et sabotiers de père en fils, vivaient au milieu des bois de Concise, en Mayenne. Jean, le second des six enfants, eut certainement pour berceau l'une de ces cahutes ou loges, sortes de baraques faites de branchages et de copeaux, où il naquit le 30 octobre 1757, sur la commune de Saint-Berthevin (Mayenne). La famille s'installa à la Closerie des Poiriers sur la commune de Saint Ouen des Toîts (Mayenne) vers 1770.
Très tôt, il fit comme ses ancêtres la contrebande du sel. En effet, la proximité de la Bretagne, province privilégiée par son statut et donc non soumise à l'impôt de la gabelle, incitait les frontaliers à pratiquer cette activité dangereuse mais lucrative (un sou la livre de sel en Bretagne, 13 sous la livre dans le Maine au prix légal). Cette fraude était fortement réprimée par les gabeleurs. En 1785, aprés une bagarre dans un cabaret de Saint Germain Le Fouilloux (Mayenne) pendant laquelle un gabelou fut blessé à mort, Jean Cottereau fut arrêté et condamné comme faux-saunier . Sa mère, déjà veuve à l'époque, fit à pied le voyage à Versailles et parvint jusqu'au Roi de France afin d'obtenir sa grâce.
Libéré, Jean Cottereau devint soldat et fut incorporé au régiment "Maréchal de Turenne" à Lille. A la suite d'un quiproquo, il se crut menacé par une dénonciation et regagna son pays. Arrêté comme déserteur, Il fut condamné à une peine de 2 ans de détention qu'il fit à la prison de Rennes.
De nouveau libre, il trouva des occupations honorables et devint même sous la révolution officier de la Garde Nationale. Mais ses sentiments catholiques et royalistes ainsi que les débordements de la révolution l'amenèrent très vite à donner sa démission. Le 15 août 1792, dans la bourgade de Saint-Ouen-des-Toîts (Mayenne), près de Laval, alors que la Convention, par la loi du 24 février 1793, procédait à l'appel des 300 000 "volontaires" pour assurer sa défense, il incita les jeunes à la résistance, et forma sa première bande qui fut très vite dispersée. Il organisa alors le passage clandestin des prêtres et proscrits qui fuyaient les persécutions des révolutionnaires. Il fut en même temps un agent actif de la conspiration de La Rouairie, et reconstitua sa bande, en recrutant d'anciens faux-sauniers mis au chômage par la suppression de la gabelle.
La tentative de soulèvement contre-révolutionnaire du Marquis de La Rouairie ayant échouée, Jean Chouan, décida de continuer la résistance par les armes en compagnie de ses frères et de quelques autres. Il pris pour retraite le bois de Misedon, près de Saint-Ouen-des-Toîts, à la Closerie des Poiriers, petite métairie que possédait sa famille, et réorganisa la lutte. Sa connaissance parfaite du pays et sa notoriété lui permirent de harceler en toute impunité les troupes de la Garde Nationale, forte de trois à quatre mille soldats, avec une bande d'une quarantaine à une centaine d'hommes seulement.
En octobre 1793, quand les Vendéens passèrent la Loire, il se rallia au mouvement du Prince de Talmont à Laval. Ses troupes se distinguèrent à la bataille de Laval, à l'attaque de Granville, aux journées de Dol et du Mans. Mais ce nouveau soulèvement royaliste fut un nouvel échec. Le prince de Talmont fut capturé par les républicains après le désastre du Mans.
Jean Cottereau regagna le bas Maine et repris sa petite guerre d'embuscade. Il ne put sauver le Prince de Talmont lors de son transfert de Laval à Rennes car étant illettré, il ne prit connaissance que trop tard de l'avis qui lui avait été envoyé par leurs partisans. Puis le mauvais sort s'acharna sur la famille Cottereau. Son frère François mourut des suites de ses blessures causées par son propre fusil, au début de l'année 1794. Ses deux surs, âgées de 16 et 18 ans, furent arrêtées et exécutées le 25 avril 1794 à Laval. Son frère aîné Pierre, que sa douceur avait d'abord tourné vers la dévotion, mais qui avait finalement pris aussi les armes, fut capturé à son tour et exécuté le 11 juin 1794 à Laval.
Le 27 juillet 1794, les patriotes surprirent la bande de Jean Cottereau réfugiée dans une métairie, à la Baconnière. Après un bref combat et déjà hors d'atteinte, il se dévoua pour sauver sa belle sur, femme de son frère cadet René, qui, enceinte et embarrassée dans sa fuite, appelait au secours. Revenu sur ses pas, il fit front aux patriotes et attira leur attention et leur feu sur lui. Blessé par une balle, il parvint quand même à s'enfuir avec le reste de sa troupe au plus profond des bois de Misedon. Il y mourut le lendemain. Son frère et ses proches partisans décidèrent alors de l'enterrer sur place. On ignore encore aujourd'hui l'emplacement exact de sa tombe.
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